L’orthothérapeute est une créature captivante. Du point de vue d’un praticien en massage ou d’un massothérapeute, une énigme à décrypter et comprendre, de même qu’un idéal à atteindre.
Malgré tout, une panoplie de questions persistent dans la tête des clients et des aspirants orthothérapeutes. Comment l’orthothérapeute parvient-il à procurer aussi sereinement une profondeur à son massage ? Comment arrive-t-il à dénicher autant de résultats en employant des techniques en apparence si simples et anodines ? Surtout, comment met-il le doigt sur le bobo aussi rapidement ? Bref, comment l’orthothérapeute voit-il la simplicité dans la complexité.
L’orthothérapeute selon la vision de Sun Tzu
Sun Tzu est un général chinois du 6e siècle av. J.-C. célèbre en tant qu’auteur de l’Art de la guerre — le plus ancien ouvrage de stratégie militaire connu. Son recueil figure aujourd’hui parmi le curriculum de plusieurs agences militaires, mais se veut aussi convoité par bien d’autres domaines; du droit jusqu’à la politique, en passant par l’économie, les affaires, le sport, l’enseignement et la croissance personnelle.
En résumé, dans son Art de la Guerre, Sun Tzu nous raconte que le commandant victorieux est celui qui planifie avant de livrer bataille. Pour triompher, le rapport de force se doit d’être calculé en observant plusieurs variables, soit l’harmonie, les cieux, la terre, le commandant, la méthode et la discipline.
Mais attention ! Puisqu’aucun plan ne survit le contact avec l’adversaire, il doit, après avoir tout planifier, être en mesure de percevoir les changements subtils à l’intérieur de celles-ci. Il doit aussi demeurer suffisamment flexible pour adapter sa stratégie et ses actions en fonction des variations possibles en direct des champs de bataille.
L’orthothérapeute, sous ses allures énigmatiques, est avant tout une créature pragmatique, calculatrice et logique. Il emploie, à l’image de Sun Tzu, la tactique et la stratégie au lieu de la force brute. OK, sa vision peut sembler abstraite. C’est littéralement du chinois ! Pour convenablement l’exposer, transposons-la au domaine de la massothérapie.
L’orthothérapeute recherche l’harmonie
La première variable reflète la relation thérapeute client. Selon ce qu’avance Sun Tzu, un orthothérapeute efficace doit miser sur l’harmonie, c’est-à-dire une synchronicité entre ses propres objectifs thérapeutiques et les résultats souhaités par son client. Il favorise donc une collaboration afin que tous deux rament dans la même direction.
Néanmoins, le capitaine de l’embarcation reste l’orthothérapeute. Il demeure le professionnel dans cette relation. Avec ses connaissances techniques et théoriques, il détient la meilleure position pour savoir quelles options il doit privilégier au profit d’autres. Il n’hésite donc pas à négocier avec son client et à l’éduquer au besoin.
Alors, concrètement, voyons ce qui se passe dans la tête d’un orthothérapeute quand un client le consulte pour une douleur cervicale. Dans plusieurs cas, après une palpation rapide, l’orthothérapeute réalise que les scalènes sont tellement tendus qu’il pourrait jouer de la guitare dessus !
Il lui suggère donc un exercice de respiration pour s’assurer que le diaphragme et le mouvement respiratoire ne pèsent pas trop lourd dans l’équation. Le client grommelle aussitôt « Meh… respirer, c’est niaiseux. Et ça ne travaille pas mon cou donc c’est inutile ! ».
Le temps vient alors de saisir le gouvernail pour faire progresser le soin. Le défi de l’orthothérapeute est donc de trouver les bons mots pour faire comprendre à son client pourquoi certains chemins sont empruntés. À savoir quels objectifs sont visés et quels bénéfices il en retirera.
L’harmonie de la relation thérapeute client peut ainsi se résumer en une prise en charge du client par l’orthothérapeute, mais qui se doit d’être réciproquement contrebalancée par une coopération volontaire de la part du client.
L’orthothérapeute supporte et encourage son client dans ses démarches. Il lui donne envie de l’aider. De s’aider. Et comme on dit, les meilleures recommandations qu’un orthothérapeute puisse suggérer à son client sont celles qu’il suivra !
L’orthothérapeute jongle avec les circonstances
La deuxième variable, les cieux, représente pour Sun Tzu les éléments externes à la problématique. Elle englobe l’environnement dans laquelle la problématique baigne en plus des circonstances et des éléments temporels qui sont passibles de l’influencer.
Bref, la réflexion thérapeutique tient compte du contexte de la problématique — des circonstances — et demande réponse à ces trois questions : suis-je à la bonne place, au bon moment et en train de poser la bonne action ?
Dans la tête de l’orthothérapeute, ça peut se traduire comme suit. Un client vient le consulter parce qu’il vient de spasmer ? Est-ce le temps de se lancer promptement dans les grosses mobilisations musculaires ? Nope ! On incite plutôt le spasme à descendre de ses grands chevaux avec un bon massage progressif. Un coup le muscle relâché, l’orthothérapeute peut migrer doucement vers des mobilisations musculaires.
Si le client est hyperlaxe ? Les mobilisations musculaires risquent d’être inapte à amener une tension suffisante pour d’obtenir les effets souhaités. Dans ce cas, il faut habituellement mettre les mains à la pâte et y aller avec une bonne vieille décongestion manuelle.
Tout plan de traitement doit être soigneusement élaboré en fonction d’un contexte bien précis, en tenant compte des circonstances. Et lorsque le terrain a été méticuleusement préparé, BAM ! L’orthothérapeute arrête de tourner autour du pot et affronte directement la problématique en recourant à une mobilisation musculaire spécifique.
Retenez ce principe. L’Art de la Guerre souligne qu’un amateur se retrouve à la bonne place au bon moment par accident. Le professionnel, lui, sera à la bonne place grâce à ses calculs et à sa planification.
L’orthothérapeute demeure maître de sa destinée. Les circonstances favorisent-elles une action ? Oui ? L’orthothérapeute charge sans hésitation. Non ? Il les invite à produire le contexte idéal.
L’orthothérapeute navigue le terrain
Notre troisième variable se transpose aisément à notre domaine : elle représente le principal champ de bataille sur lequel l’orthothérapeute œuvrera : le corps du client et plus précisément son système musculaire
Malheureusement, ici il n’y aura pas quatre chemins. Il doit maîtriser l’anatomie et la biomécanique. Peut-il réciter ses connaissances musculaires sur le bout des doigts ? Est-il familier avec la relation agoniste/antagoniste ? Peut-il comprendre la signification musculaire de l’alignement et des asymétries. Peut-il promptement reconnaître les patterns de tensions musculaires qui provoquent des phénomènes compensatoires ou empruntent une chaîne musculaire comme une autoroute ? Est-il intime avec les problématiques musculaires auxquelles il risque d’être confronté ?
Bref, l’orthothérapeute sait reconnaître de manière précise la problématique de son client à l’intérieur de son champ d’activité. Dans sa tête se déploie une carte topographique du corps humain où la stratégie dans la lutte à la problématique du client prend forme. Il peut alors éviter de tomber embusqué en terrain désavantageux et, à l’opposé, mieux approcher la problématique d’une position avantageuse.
L’orthothérapeute est maître de lui-même
Notre quatrième variable représente le commandant de notre armée. Qui est-ce ? L’orthothérapeute, l’individu, le thérapeute. Puisque l’Art de la Guerre date de la Chine antique, les vertus recommandées par Sun Tzu consistent aux cinq vertus du confucianisme : la sagesse, la sincérité, la bienveillance, le courage et la rigueur. Ici se retrouvera donc l’aspect « attitude » de l’excellence attestée par l’orthothérapeute.
Un orthothérapeute sage ne tente pas d’impressionner le client ou lui-même pour gonfler son ego, mais recherche plutôt à poser l’action adéquate lorsqu’elle se trouve nécessaire.
Un orthothérapeute sincère ne nécessite pas une transparence ou de se présenter comme un livre ouvert, mais il s’assure plutôt que ses paroles et ses actions ne se contredisent point.
Un orthothérapeute bienveillant n’exige pas de lui qu’il se lance aveuglément dans la compassion et en esclavage pour le client, mais plutôt qu’il agisse avec le meilleur intérêt du client en tête, et ce, sans sacrifier le long terme pour des victoires éphémères à court terme.
Un orthothérapeute courageux ne requiert pas de charger agressivement la tête baissée, mais plutôt de ne pas laisser ses craintes le figer sur place et éliminer ses hésitations pour être apte à tirer profit des opportunités.
Un orthothérapeute rigoureux ne lui requiert pas une transformation en bourreau paranoïaque, mais plutôt de veiller à ce que les objectifs convoités soient atteints, que ce soit par l’entremise des conseils qu’il donne au client ou des actions qu’il pose.
Malgré sa logique implacable, l’orthothérapeute n’est pas un robot ; il est humain. Et comme le veut l’expression : même un guerrier invincible démontre des vulnérabilités dans son esprit. L’orthothérapeute prend soin à ce que son attitude ne sabote pas ses réflexions et ses actions thérapeutiques. De plus, il la place en tête de son offensive pour supporter et amplifier son soin de même que contagieusement enflammer l’enthousiasme du client envers sa thérapie.
L’orthothérapeute est méthodique et discipliné
Notre cinquième et dernière variable présentée par Sun Tzu se résume en l’armée que commande l’orthothérapeute. Si celui-ci en est le commandant, l’aspect technique représente ses petits soldats.
Avec un éventail de techniques aussi diversifié, l’orthothérapeute s’assure que chacune d’elles remplissent son destin et sa raison d’être. Leur maniement se doit d’être adroit pour que leur enchaînement engendre un protocole ingénieux. L’orthothérapeute démontre une approche systématique. Son soin devient un casse-tête et une partie d’échecs.
Après tout, la rencontre entre méthode et discipline caractérise le professionnalisme. Sans celles-ci, l’orthothérapeute se rétrograde à un singe qui confronte ses problématiques en les martelant incessamment avec un bâton en espérant des résultats concluants.
Donc, que se passe-t-il dans la tête d’un orthothérapeute ? Il est le général juché sur une colline surplombant le champ de bataille. Il déploie constamment ses éclaireurs et commande vaillamment ses troupes. Il tâte le terrain et attend patiemment le moment opportun. Son petit hamster roule dans sa roulette à toute allure pour calculer la combinaison d’avantages qu’il détient à l’intérieur de chacune des cinq variables. Une fois le rapport de force entre la problématique qui le confronte et lui déterminé, il pourra ensuite établir ses actions thérapeutiques en conséquence.
L’orthothérapeute est une créature tactique et stratégique. Il fait de la magie simplement parce qu’il place préalablement tous les avantages de son côté. Le lapin est sorti de son chapeau bien avant que le client le réalise.
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Philippe-Olivier Jasmin, collaborateur AMS
Orthothérapeute clinicien MQ, il œuvre depuis 2007 en clinique multidisciplinaire et en clinique médicale privée. Il est également superviseur-coach d’orthothérapie au campus de Montréal de l’AMS.
Mais qui est Philippe-Olivier Jasmin? Une partie rêveuse, un soupçon de zèle et de perfectionnisme, beaucoup de zen, des esprits de guerriers et de philosophes, et juste assez de sarcasme et d’humour. Partez le malaxeur. Bam! On a un P-O.
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